atelier 1- 10h00-12h30
Quelles méthodes de fabrication du programme et les garanties de sa réalisation ?
Construire un programme, comment inscrire un programme architectural dans son contexte local urbain, social et environnemental, avec quels acteurs ?
invités :
- Jerôme Buttier - programmiste (apritec)
- Philippe Alluin - architecte ingénieur (reezome)
Le programme est le document fondateur du projet. Il s’agit de comprendre la méthodologie de sa création, sa capacité à être le flambeau passant d’un acteur à l’autre, tout en s’inscrivant dans son contexte urbain, social et environnemental. Il doit également trouver l’équilibre entre flexibilité et volonté : permettre une liberté de proposition et d’évolution, tout en garantissant la conservation de ses ambitions initiales.
Le programme doit rester suffisamment ouvert pour permettre à l’architecte de proposer, de modifier, d’adapter. Dans ce cadre, il est dans l’intérêt du projet que le programmiste soit présent dans les premières phases d’études, pour être le fil rouge qui permet aux discussions d’avoir lieu et de modifier le programme de manière constructive au cours des études.
La loi MOP définissait d’ailleurs la phase APD comme l’événement qui entérine les différents aspects du projet, y compris son programme, qui est par conséquent considéré comme évolutif lors de ces premières phases d’études.
En amont de la réalisation d’un programme, la concertation est une étape indispensable afin de pouvoir comprendre et s’imprégner des besoins de l’utilisateur.
Plusieurs types et échelles de maîtrise d’ouvrage existent, et la relation est bien entendu différente avec les grandes collectivités composées de plusieurs services sachants, et les petites dans lesquelles le donneur d’ordre est très proche de l’usager, et souvent démuni.
L’étude de faisabilité est un outil permettant de tester différents scénarios et de vérifier l’adéquation entre le souhait de la maîtrise d’ouvrage et les contraintes matérielles qui y sont liées, notamment son budget. Cette étude implique de rentrer dans une démarche de vérification, et donc dans un processus de conception rapide en formes et en volumes, qui ensuite doit disparaitre pour laisser place à l’intervention de l’architecte.
Le filtre à travers lequel cette étude est présentée à la maîtrise d’ouvrage a toute son importance. Un réel travail est nécessaire dans la finesse du choix et du niveau de définition des éléments présentés, afin d’éviter de transmettre au maître d’ouvrage une idée arrêtée du projet qui risquerait de rendre à ses yeux toute proposition alternative hors-sujet.
La loi MOP (et désormais le Code de la Commande Publique) a permis à un plus grand panel d’architectes de participer aux concours via l’anonymat, mais a également conduit à un allotissement de l’architecture, à une dissection des missions et des phases, entraînant à une vision moins large du projet dans sa globalité.
Selon Edgar Morin, sociologue et philosophe, dans l’ouvrage les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur, la société conduit à former de plus en plus de spécialistes, mais l’addition de toutes les spécialités ne donne pas la vision globale, celle qu’est censé avoir l’architecte.
La conduction d’une opération nécessite un acteur à la vision globale, qui assiste la maîtrise d’ouvrage pour la création du programme et le suivi du projet, qui soit présent du début à la fin sans que son rôle ne s’en trouve « disséqué » en plusieurs missions séparées. Une méthode de travail est alors à trouver dans la manière d’organiser les savoirs et d’être capable de faire intervenir le spécialiste dans le cadre de son domaine et au bon moment.
Le concours met également en place des contreparties disproportionnées par rapport au travail nécessaire, et développe parallèlement des exigences de plus en plus grandes, sortant du cadre réglementaire de l’esquisse. « La société entière use et abuse de la volonté des architectes à faire de l’architecture ». Le métier d’architecte nécessite une reconnaissance de son savoir et de ses compétences, et non simplement de sa position réglementaire qui se résume à sa capacité à déposer des permis de construire.
L’anonymat crée une distance entre le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre par sa dimension impersonnelle et l’impossibilité de développer des échanges avec le jury pour la bonne compréhension des projets. Il est nécessaire que les jurys soient encadrés et accompagnés afin d’appréhender objectivement et en toute connaissance les propositions, et de donner lieu à de vrais débats d’architecture.
La question de l’intégration de l’architecte au plus en amont dans le processus de programmation se pose également. Cependant, les programmistes eux-mêmes ne sont pas intégrés à certaines questions fondamentales du projet, comme le choix du terrain ou la démolition d’un bâtiment. Les décisions primordiales sur l’orientation du projet sont souvent prises avant même l’arrivée du programmiste, qui malgré tout, possède des outils, comme l’étude de faisabilité, pour déceler les éventuelles incohérences de ces décisions et avoir la capacité d’influer sur le programme de base (rénover au lieu de reconstruire par exemple).
Le programme n’est par conséquent pas forcément le document fondateur du projet : il arrive en aval d’une intention, d’une volonté, d’un processus de réflexion et de décision, souvent politique, déjà entamé par le maître d’ouvrage, et sur lequel il est complexe de revenir pour l’architecte, le programmiste, ou l’assistant à la maîtrise d’ouvrage.
Une méthode est à trouver pour initier les débats en amont. Elle se pratique, peut-être, plus facilement en dehors du cadre de la commande publique, à l’image des grandes copropriétés, où le programme, le budget et le projet sont réalisés quasiment en même temps.
Un mouvement sociétal actuel pousse à faire le projet avec ses utilisateurs, dans lequel il est possible de retrouver la vision globale chez l’utilisateur, qui va s’intéresser à tous les aspects du projet qui de fait vont l’impacter. La co-conception est un procédé qui prend un temps non-négligeable, pendant lequel les utilisateurs peuvent changer, mais où tous les acteurs travaillent en même temps et sont présent dès les prémices du projet.
La question de la temporalité des études est cruciale. L’architecte intervient à un moment où beaucoup de choses se sont déjà passées et où beaucoup de décisions ont déjà été prises. Parfois, les changements d’usages et d’usagers font qu’entre le moment où le projet est amorcé et le moment où l’architecte intervient, l’idée n’est déjà plus en adéquation avec son époque. Se pose la question de la capacité à anticiper, à faire de la prospective.
La concertation très en amont du projet et intégration des usagers à la démarche de conception permet également de tisser un rapport de confiance et assurer une diffusion continue de l’information. Elle nécessite toutefois que chacun ait conscience de sa place, des limites de ses propres compétences, et de la légitimité des acteurs.
Tout l’art de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage réside dans la subtilité de la méthode adaptée à chaque cas. Il est également intéressant de se poser la question de la finalité d’un projet dans une société qui est en perpétuelle évolution. Peut-être le futur de la programmation est-il de savoir démarrer des projets inachevés, ou à achever ?
atelier 2 - 14h00-16h30
Les programmes d’enseignement : état des lieux et perspectives
Le cas particulier de l’enseignement secondaire
Nous devons faire évoluer les lieux d’enseignement notamment sur des sujets des nouveaux modes d’enseignement, des possibilités d’enseigner de manière alternative, et la question du genre y compris de la transidentité.
invités :
- Solenn Duclos - principale (collège Jean Racine Saint-Brieuc)
- Vincent Estève - ancien principal et proviseur
- Claire Renckly - Directrice de projets éducation (Collectivité européenne d’Alsace)
- Alexandre Mussche - design d’intérêt général (vraiment vraiment)
Cet atelier de discussion nous permet d’aborder les programmes d’enseignement et la manière dont ceux-ci émergent, plus précisément dans le cadre des collèges et lycées. Les différentes interventions ont permis un aperçu de l’évolution de ces programmes avec des interventions allant du retour d’expérience d’une dizaine d’années à quelques années jusqu’aux nouveaux usages projetés en passant par des études en cours.
Durant la première intervention de Vincent Esteve, ancien proviseur du lycée Henry Avril (22), a partagé ses différentes expériences de participation à plusieurs conceptions et réalisations d’établissements scolaires auprès de la maitrise d’ouvrage. Il fait part d’expériences où les équipes retenues à concourir se sont entretenues avec les usagers et les équipes pédagogiques permettant d’aboutir à des propositions adaptées à leur vision de l’enseignement. Ce travail pédagogique a été prolongé en donnant un accès à l’établissement pour les élèves durant le chantier. Il sort de cette expérience un sentiment de compréhension et de fonctionnement adapté à l’usage.
C’est par un retour d’expérience plus récent que s’est déroulée la seconde intervention de Solenn Duclos, principale du collège Jean Racine livré par nunc en avril 2021. Notre intervenante est arrivée dans le collège une année avant sa livraison ce qui lui a permis de noter certains changements de comportement après l’emménagement dans le nouveau bâtiment.
Tout d’abord, Solenn Duclos nous a rappelé la valeur citoyenne d’un collège neuf qui permet un accueil digne des élèves. Un cadre de qualité permet de légitimer l’attente de respect envers les locaux qui est globalement plutôt bien respecté.
Un lien relationnel simplifié a été observé entre les élèves et le pôle administratif du fait du positionnement proche de l’entrée et de la présence des parois vitrées. En effet, cela semble rendre les échanges plus accessibles et les élèves se sentent accueillis, invités à l’échange.
Un autre espace a été observé comme créant du lien : la rue intérieure. Ce large vide central permet de créer des co-visibiltés, tout en assurant la surveillance nécessaire aux espaces scolaires. Il est à noter, que cet espace n’a pas permis son utilisation en tant que « préau » intérieur, les élèves montant dans les étages. Il serait intéressant d’approfondir pourquoi cet usage qui n’était pas prévu au programme ne fonctionne pas ici, car ce sujet a été abordé lors de la dernière intervention et semble fonctionner dans d’autres configurations d’espaces plus restreint.
Une partie importante de l’intervention a concerné la question du genre et plus précisément du non genré, qui devient un point important de conception des espaces éducatifs. Cette question est centrale principalement dans 2 types d’espaces : la cour, et les sanitaires.
Pour les espaces de cours il a été remarqué que la présence d’un plateau sportif cadre l’activité sportive en libérant les autres espaces, lorsque celui-ci n’est pas central. Le sport pratiqué semble également influencer la mixité de genre, par exemple le basket semble plus propice à une appropriation mixite que le foot.
Le problème ne se situe finalement pas sur la question du genre, mais de l’âge. Les plus petits peinent à s’approprier les espaces lorsque ceux-ci sont occupés par les plus grands (rupture 6ème/5ème et 4ème/3ème). Il s’avère que le même phénomène se produit au niveau des sanitaires.
Les toilettes sont visiblement un lieu de stagnation, car ceux-ci permettent l’utilisation dissimulée du smartphone interdite dans l’établissement. Cet effet de masse suscite une crainte chez les plus jeunes qui n’osent plus utiliser les sanitaires, obligeant les surveillants à être posté devant les toilettes pour résoudre le problème. La solution serait-elle de faire des toilettes mixtes par niveau 6ème/5ème et 4ème/3ème, ? La mixité de genre permettrait également de simplifier le quotidien des élèves en transidentité conformément à la circulaire de septembre 2021. Si ces espaces ne sont plus genrés, le cas par cas n’a plus lieu d’être, et créant ainsi une relation homogène aux sanitaires.
Ce retour d’expérience cède la place à une étude en cours : le collège du Neuhof présenté par Claire Renckly de la Direction de l’Education et de la Jeunesse de la CEA à Strasbourg. Ce collège s’inscrit dans le plan de transformation des collèges publiques alsaciens pensé pour répondre notamment à l’enjeu de la hausse de la population collégienne. Le collège existant étant sujet à de nombreuses difficultés notamment une forte déprise et faible tôt de réussite au brevet.
Le but est donc de redonner une identité et de ce fait plus d’attractivité à ces collèges selon une « fusée à trois étages » de la CEA. Etape 1 : un projet éducatif innovant et fort pour agir sur l’identité et l’attractivité de l’établissement, Etape 2 : un projet architectural adapté au territoire plaçant l’usager au cœur du projet, Etape 3 : une refonte de la carte scolaire pour améliorer la mixité sociale.
Le projet s’inscrit comme l’un des premiers d’un programme de rénovation urbaine et se doit donc d’être ambitieux et attractif. Le choix a donc été fait par le CEA d’organiser le collège avec un projet éducatif fort autour des sciences. Ce collège sera en expérimentation durant 3 ans ce qui permet notamment des découpages horaires autres que le format classique pour requestionner les référentiels de collèges.
Un travail de concertation a été mené avec des associations de quartier, maitrise d’usages, et également des élèves pour penser ce « collège de demain ». Il est difficile de consulter les équipes pédagogiques qui n’existent pas encore, et les élèves ne se sentent pas toujours concernés car le collège ne sera pas fini avant leur départ. Il en va de même pour la signalétique didactique autour des sciences réalisée avec Céline Emonet qui est donc mis en place en concertation des élèves de primaire qui iront potentiellement dans ce collège. Ce travail permettra à l’ensemble du collège (y compris la rue intérieure) de devenir un support pédagogique.
Le zoom sur le pôle science du 2ème étage montre des salles de sciences qui ne sont plus attribuées spécifiquement à une matière, une salle des collections unique pour l’ensemble des salles de sciences, et le point particulier un Fab’lab de 100m² permettant d’encourager la manipulation et le faire soi-même.
Un autre élément de programme les nouveaux usages : un pôle quartier intégré au collège. Cet élément de programme à pour but de simplifier l’intégration de l’équipement à son quartier et le rendre plus accessible. Il servira d’interface avec le quartier, les parents d’élèves, les associations, les partenaires scientifiques… Le fonctionnement exact reste cependant à trouver pour l’utiliser avec la bonne densité temporelle : rassurer les parents en défiance du système scolaire ? conférences ? Vie associative ?..
Dans ces deux derniers retours d’expériences récents, nous avons noté que la salle de classe avait peu évolué (un format carré et une surface d’environ 60m²). Des dispositions autres sont parfois mal acceptées par le corps enseignant, et les initiatives d’expérimentations restent ponctuelles et initiées par les professeurs eux-mêmes.
Ces questions sur l’enseignement de demain et des nouveaux usages ont été prolongées par l’intervention d’Alexandre Mussche designer de l’agence Vraiment vraiment (Maitrise d’usage). Cette intervention est basée sur le requestionnement du programme-cadre autour des collèges du val d’Oise. La remise en question par « l’écoute de l’usage » a été faite, après l’établissement du programme il a été soulevé que celui-ci s’enfonce dans des tableaux de surfaces ne permettant pas la compréhension des attentes de l’usage.
Notre invité nous a fait part d’expériences mettant en place divers prototypes d’usage notamment « l’agora », espace de récréation intérieure. Comment rompre la dichotomie intérieure/extérieure ? Résoudre les taux d’encadrement ?
Des tests grandeurs nature ont donc été réalisé pour répondre à ces questions. Ces prototypes sont la conséquence d’entretien avec les élèves qui montre, par exemple, un réel besoin d’espace récréatif intérieur, lecture, espace de discussions, jeux société... Le retour d’expérience montre que ce type d’espaces est viable (surveillance, espace adapté à l’usage) si celui-ci est contenu et la fonction prévue.
De nombreuses propositions ont été soumise aux débats notamment : la possibilité de redonner un budget d’1% d’innovation d’usage, accepter de questionner les élèves et relever les challenges qu’ils proposent. Une observation est faite concernant le parc de collège existant destiné à rénovation et pouvant servir de support à l’expérimentation et l’innovation. Ces existants peuvent être perçus comme un brouillon de ce qu’il faut améliorer, une question est restée en suspens : Faut-il habiter ces lieux pour les rénover ? Le but étant d’impliquer et questionner tous les usagers (enseignants, technicien, élèves ..). Cela soulève le fait que le programme ne doit pas être la doléance de tous les usagers mais une synthèse cohérente de ces doléances.
L’atelier de discussion s’est terminé sur des échanges à propos de la densité temporelle des lieux. L’utilisation des espaces est-elle cohérente ? Certains espaces comme les espaces de restauration sont utilisés 4% du temps de l’année. A ce sujet, Solenn Duclos nous fait part de l’appropriation annexe de ce lieu comme espace de réunion, ou encore de salle polyvalente comme salle d’atelier, qui auraient été plus fonctionnels si la mixité programmatique avait été envisagée.
discussion autour de la table - 18h00-20h00
Comment inscrire un programme dans le cadre d’une ambition territoriale ?
invités :
- Jerôme Buttier - programmiste (apritec)
- Fabien Gantois - architecte (président ordre des architecte idf)
- Régis Bertrand - ingénieur TPE (miqcp)
- Michel Guthman - architecte urbaniste (mg-au)
Cette discussion de fin de journée se concentre sur la fabrication du programme lié aux contextes, les méthodes, et la question du programme en logement qui représente une grande partie de la construction de nos jours.
Michel Guthman, le cas de la rue Rebière
Michel Guthman a pu présenter l’opération menée sur la rue Rebière dans le 17ème arrondissement de Paris au début de l’année 2003.
La consultation réalisée par la ville de Paris par de la réflexion sur le dialogue entre Paris et ses communes périphériques, l’idée d’ouvrir Paris au-delà de l’enceinte périphérique.
L’étude se localisait sur la Porte Pouchet, possédant une chance inouïe : Il n’existait pas d’échangeur pour accéder au périphérique. Ce dernier est surélevé. Il existait donc une potentielle grande porosité, continuité urbaine entre Paris, Clichy et Saint-Ouen. MG-AU associés à TVK en sont les urbanistes
La réflexion se portait sur la réorganisation d’une partie comprenant un immeuble de logements sociaux (dernier d’un ensemble de Raymond Lopez construit avant le périphérique) et divers programmes logistiques pour Paris. Toutes les fonctions devaient être gardées sur place, et devait être apporté des fonctions manquantes. Cette réflexion impliquait de trouver du foncier, des implantations possibles pour régler les différents problèmes du site (Immeuble trop dense sur le périphérique, pas de connexion, trop de programmes différents rassemblés en un seul lieu).
La résolution de l’équation passait par devoir construire à un autre endroit avant de démolir afin de reloger les 140 logements concernés. La proposition s’est portée sur la rue Rebière faisant alors 24m de largeur, comprise entre le cimetière des Batignolles et la façade arrière d’équipements scolaires publics. Il a été fait le choix de la réduire à 12m et de construire sur une bande de 12m contre le cimetière.
La suite de l’opération fut expérimentale en retenant de jeunes agences d’architecture sur note d’intentions et de diviser par lots de 20 logements par agence afin d’amener de la diversité tout en maitrisant une continuité urbaine le long de cette rue. 7 équipes ont été retenues par Paris habitat après audition et ont travaillé en plusieurs phases entre ateliers communs et travail en agence, coordonnées par Périphériques architecture et 2 équipes ont été sélectionnées pour les 40 autres logements accession.
Le projet entièrement réalisé depuis 10 ans a pris sa place, reflet d’une période. Au-delà de la portée sociale de reloger sur site les habitants (ne pas oublier que la Tour Bois le Prêtre, faisait partie de l’opération), l’intérêt de l’opération a été la mise en place de cette méthode-laboratoire de conception de l’urbain. L’opportunité foncière générant les envies de projet.
Régis Bertrand, Le passage du programme à sa réalisation
La loi MOP de 1985 a permis de mettre un terme à une pratique opaque du secteur de l’architecture et de la construction. La venue du concours a amené une exigence de qualité architecturale. Mais avec une limite, du fait du choix par jury, sur le partage de la décision, et donc l’appropriation par les citoyens du projet.
Cette participation du public dans le secteur de l’architecture est forcément singulière du fait de la responsabilité incombant à l’architecte. Il est soumis à une contrainte de moyen lors de toute la conception du projet, tout en étant soumis à une garantie de résultat lors de la réalisation (responsabilité décennale). Dès lors, la concertation et le partage de décision est déséquilibrée.
Mais il y a une demande forte et une tendance actuelle qui poussent les citoyens à intervenir de plus en plus.
La charte de l’environnement récemment mise au niveau du bloc constitutionnel au même titre que la déclaration des Droit de l’Homme et la constitution de 1958 fait référence dans son article 7 que « toute personne a le droit […] de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement »
Cela pose donc la question du concours d’architecture qui est assez étanche à l’opinion publique de nos jours.
César Daly faisait déjà en 1850 la promotion des concours pour les bâtiments publics en rappelant qu’un bon concours repose sur un bon programme, du temps laissé aux architectes pour composer, un jury compétent et impartial, et qu’il soit soumis de manière efficace à l’opinion publique !
Donc comment faire revenir la participation citoyenne dans ce système de concours. Plusieurs solutions seraient envisageables :
- L’intégration de citoyens dans le jury (mais limitée du fait de la taille des jurys)
- Une commission citoyenne en amont du jury, comme celle de la commission technique.
Cela pose alors la question de l’accompagnement du citoyen à la compréhension du projet au-delà des images, à voir l’architecture, à comprendre des plans, des coupes, des détails techniques, etc.
Il faut trouver comment animer, diriger, et dans quel but cette commission.
Dans les petites et moyennes collectivités la participation est moins étanche puisqu’une partie des élus municipaux sont le plus souvent des « citoyens normaux ». Vient alors problématique de l’anonymat du concours, et donc de l’impossibilité de créer des relations de confiance indispensable entre la MOA et la MOE.
Une piste serait de diviser les phases de sélections des candidats. Une phase sur note d’intention afin de permettre une audition des équipes, puis un concours parmi les candidats sélectionnés qui resterait lui anonyme. Ce procédé permettrait de connaitre à qui on s’adresse tant pour la MOA que pour la MOE avant la phase de conception, de créer une relation de confiance. Cela allonge cependant les temps qui ne sont souvent pas en adéquation avec les calendriers des mairies.
En conclusion il est nécessaire d’inventer afin de réduire la réputation « hors-sol » des jurys de concours, d’introduire une capacité à impliquer le citoyen dans le processus de choix, et avoir une capacité d’évolution dans les phases d’études jusqu’à l’APD.
Fabien Gantois Le vadémécum pour la qualité de l’architecture des constructions de logements
Il existe plusieurs rapports ministériels sur la dégradation des qualités de la manière d’habiter en France. Il y a eu un glissement de la production de l’habitat vers le privé. Quasiment deux tiers de la construction de logements sont réalisés par des MOA privées. Quantité grandissante depuis la crise de la 2008 et de par l’augmentation du système VEFA (qui se devait être un dispositif provisoire de soutien au secteur privé) dans le logement social.
Cette partie de la fabrication de la ville est devenue invisible aux citoyens. Les représentants publics sont souvent démunis alors qu’ils doivent être présents face à la MOA privée sur le front de la qualité architecturale et urbaine. L’architecte est souvent isolé sur son opération et ne peut pas seul défendre l’utilité publique. Sinon les décisions de fabrication de la ville reviennent à un système opaque.
Pour cela le Vadémécum pour la qualité de l’architecture des constructions de logements réalisé par le CROAIF et les CAUE d’Ile de France est à destination des élus. Il se décompose en 4 thématiques
- L’accompagnement
- La discussion
- La mission complète (les plans disparus des permis de construire posent des œillères à l’administration sur les qualités des logements)
- Reprise de point de certains rapports ministérielles (surfaces des logements, hauteur sous plafond, double orientation)
Il existe également des chartes promoteurs réalisées par certaines communes fixant des intentions et des volontés sur la fabrication de la ville et la qualité des logements à atteindre. La charte promoteur n’est pas opposable, pourtant est appliquée comme un élément contractuel pour s’assurer du respect d’une qualité. Le Vadémécum a cette ambition de réintroduire un débat de qualité en se posant en « contrat » entre ville et constructeurs.
liens vers sites
apritec
reezome
vraiment vraiment
mg-au
miqcp
Vadémécum relatif à la qualité architecturale du territoire francilien