crédit photos : Luc Boegly
nature de l’opération
centre d’interprétation du patrimoine archéologique de Dehlingen
extension et restructuration de la maison Koeppel (XVIIème s.)
distinctions
prix national d’architecture en terre crue - mention chantier 2013
lauréat appel à projet bâtiments économes en énergie, région Alsace - Ademe 2009
description
Le bâtiment est situé au cœur du village d’un territoire rural d’Alsace Bossue, entre l’église et la mairie. Il est composé de deux corps de bâtiment se faisant face de part et d’autre d’une faille de lumière : d’un côté, la Maison Koeppel, datant du XVIIe siècle, entièrement rénovée dans son esprit d’origine et en face, une extension bâtie sur l’emprise de l’ancienne grange détruite lors d’un incendie en 2001.
La muséographie de l’équipement, sur le travail de l’archéologue, s’enroule de bas en haut, passant d’un coté à l’autre de la faille, alternativement de la Maison Koeppel à la nouvelle extension.
Cette extension de trois niveaux a été réalisée avec des murs porteurs en pisé.
Le choix constructif est lié à la destination même du bâtiment en utilisant la matière brute de la terre en référence aux fouilles archéologiques. Les constructions gallo-romaines étaient des constructions de bon sens, d’une grande simplicité et efficacité constructive. Les préoccupations d’aujourd’hui en matière de développement durable et d’économie des ressources énergétiques conduisent à repenser l’architecture dans ce même objectif de simplicité.
Le nouveau bâtiment est donc conçu comme un bâtiment contemporain utilisant des techniques et des attitudes séculaires, avec des matériaux de proximité, à l’image des dispositifs spatiaux et constructifs d’une villa gallo-romaine.
La force plastique du bâtiment vient de l’expressivité brute des matériaux utilisés. Le plus souvent, le matériau structurant est également le matériau de finition. L’apport contemporain à ce choix de simplicité, est la connaissance des matériaux qui permet de les combiner dans des utilisations de haute performance.
Par choix thermique et symbolique (le lien avec les fouilles archéologiques), les parois extérieures sont construites en terre d’une épaisseur allant de 40cm à 60cm. Le mur est compacté couche par couche dans une continuité horizontale. Cela nous permet d’évoquer les chantiers de fouilles qui mettent à nu les différentes strates des sols et de l’histoire.
Ce projet fait partie d’un long travail de la Communauté de Communes pour revitaliser ce territoire rural. La très forte implication du maître d’ouvrage a permis de porter ce projet jusqu’au bout, créant une émulation et une appropriation par les entreprises et la population.
les choix constructifs
La terre choisie et utilisée pour ce chantier provient d’une carrière située à moins de 5 km. La proximité a été un critère important pour la maîtrise d’ouvrage, tout comme la volonté de rendre le bâtiment BBC.
Cela nous a conduit à mettre au point une paroi composite ayant de très bonnes performances énergétiques. Le matériau terre possède une inertie thermique très importante mais sa résistance thermique est faible. Il a été couplé avec un isolant de granules de liège qui s’insère entre deux murs en pisé.
Le concept énergétique de la nouvelle maison Koeppel est donc basé sur une forte inertie du bâtiment, une très bonne isolation et une gestion performante des apports solaires afin de réduire au maximum les besoins de chauffage.
L’épaisseur des murs de terre, la massivité du bois des planchers, la qualité de l’isolation de la toiture concourent à une grande stabilité thermique du bâtiment. Une double peau de verre passant devant le mur de terre sud complète le dispositif avec l’objectif de préchauffer en hiver et mi-saison une partie de l’air entrant dans le bâtiment.
L’intérêt du double mur en pisé est de pouvoir dissocier le mur porteur du mur extérieur soumis aux intempéries. Ainsi le pisé porteur est un mur intérieur très stable hygrométriquement et totalement protégé de l’humidité.
Une série d’études en partenariat avec plusieurs laboratoires ont été nécessaires pour vérifier le comportement de cette paroi composite tant du point de vue de sa composition physico-chimique, de son comportement mécanique qu’hygrothermique.
Ces études spécifiques ont permis de faire des choix architecturaux et constructifs forts.
Les études sur la migration d’humidité ont montré que le seul problème pouvait venir de l’humidité de la mise en œuvre. Il a donc été décidé de construire les deux murs dans le même temps, mais de les assembler après un temps de séchage de 6 mois. C’est pourquoi le mur porteur situé à l’intérieur est un pisé monolithique œuvré sur site, alors que le mur protecteur, situé à l’extérieur, a été réalisé en modules de pisé préfabriqués (1,25 x 0,60 x 0,30m). Ces modules fabriqués à proximité du chantier ont séché tout un hiver avant leur assemblage au printemps devant le mur porteur. Les 20cm de granules de lièges ont été injectés à l’avancement de cette pose.
Le dessin et le calepinage de ces modules permettent également de marquer un rythme de joint creux permettant d’anticiper les potentielles fissurations au droits des ouvertures.
Structurellement, l’ensemble de la charpente bois et la couverture reprend le gabarit de la maison d’origine. À l’instar de la maison vernaculaire d’Alsace Bossue où les murs extérieurs sont en murs épais de moellons et une ossature de pans de bois à l’intérieur, la nouvelle partie allie murs épais en pisé avec une charpente bois et des planchers de panneaux bois contrecollés. La charpente a été dessinée en coque de navire inversée de façon à reporter les efforts le plus verticalement possible sur le pisé qui ne peut recevoir d’efforts latéraux. Les planchers bois font office de diaphragme reportant tous les efforts de torsion sur un escalier central en béton.
missions : base + exe + opc + std + scéno + sign + mob